Nous avons fait du feu dans la maison, il parle
Et le bois qui crépite est son langage codé
Est-ce que tu peux l'entendre, homme endormi? Écoute
Il dit le bonheur d'être dans sa fumée qui monte
Il parle de nos maisons, d'une absence de voyage
Vous regardez la flamme, moi je suis le nuage
Et je passe comme il passe
Je peux voir, d'un pays, ses arbres et ses rivières
Toucher d'un peu plus près les oiseaux migrateurs
Le génie créateur de l'homme est admirable
Mais pourquoi voulez vous saisir l'insaisissable?
On n'entend plus la neige derrière vos bavardages
Tiens, en voilà bien l'exemple
Ils ont voulu comprendre le mécanisme qui rend possible
À l'ouïe humaine le chant des cigales, en été
Le tympan, le marteau, I'enclume, le vestibule
Les sons dans l'air qui se propagent
Mais ils ne savent plus voir dans les nuages
La vie miraculeuse et le feu qui s'élève
Les eaux de la Méouge, du Rhône, de la Durance
Et la Marne et la Seine et l'Aude et la Dordogne
Les eaux de I'Aveyron, de l'Eure et de l'Adour
Levez-vous, il est temps, c'est l'heure, le soleil baisse
Arrachez les racines, qu'il reste un fil d'argent
Nous reliant à la terre d'amour qui nous accueille
Mais faites que le besoin de quitter les ancrages
Ne soit jamais perçu comme une renonciation
Ou comme un reniement
Vous voulez tout comprendre, oui, mais par quel miracle
Est né le premier chant de la première cigale
Un premier soir d'été?
C'est la seule mort possible, l'oubli du vrai regard
De celui qui traverse les couches des apparences
Levez-vous, il est temps, c'est l'heure, le soleil baisse
Et bientôt nous irons, ombres parmi les ombres
Sans savoir où aller
Sans rien voir du chemin de rocaille qui descend
Vers la mer, la Méouge, le Rhône ou la Durance
Levez vous, il est temps, le ciel est calme encore
Mais d'un calme pesant
Un de ces calmes lourds qui précédent les orages
Et voilà tout est dit, je persiste et je signe
Au nom de ceux qui cherchent, de tous ceux qui attendent
Fils et filles de la Terre
De même sont les nuages, fils de l'eau d'origine
Celle qui coule vers la mer
C'est I'eau de la Méouge, du Rhône, de la Durance
Et la Marne et la Seine et l'Aude et la Dordogne
C'est l'eau de I'Aveyron, de l'Eure et de l'Adour
C'est l'eau de la Méouge, du Rhône, de la Durance
Et la Marne et la Seire et I'Aude et la Dordogne
C'est I'eau de l'Aveyron, de I'Eure et de l'Adour
