Les quatre jupons

Quand sa robe aux quatre jupons A froufrouté dans le salon J'ai vu s'éveiller le poisson rouge. Puis comme elle a rangé des fleurs Avec aux mains tant de douceur Je me suis dit Armand ton cœur, bouge. Faut-il que semblable bonté Pour moi demeure sans pitié Alors qu'elle est la charité même. Les pièges de la tentation Sont cachés sous quatre jupons Qu'ai-je donc quel est ce démon? J'aime. Sans m'embarrasser de contours C'est pourtant ce qu'on fait toujours J'empruntais soudain de l'amour l'aile. Mon dieu quel trouble fût le sien Quand brusquement tant mal que bien J'avouais ne désirer rien qu'elle. Je lui parlais de mon émoi La folie s'emparait de moi Il fallait bien que cette fois j'ose. J'attendis trois mois ce fût long Pour qu'au printemps d'un geste rond Elle m'abandonne un jupon rose. Il en restait trois suspendus Sur la courbe de ses reins nus Mais l'espoir n'était pas perdu, certes. Je guettais des flammes au cœur Quand un jour d'été la chaleur Fit choir le seconde couleur verte. Dès lors il n'en restait que deux Mais c'est trop pour un amoureux En me voyant si malheureux, Luce C'est ainsi qu'elle s'appelait A l'automne laissa tomber Celui dont la couleur était puce (Ps: couleur d'étoffes d'époque). Le dernier jupon était blanc Tout en dentelles transparent Et me rendait complètement ivre. Encore une saison de plus Pensait juge serait rendu A que viennent les assauts du givre Ce fût l'hiver en souriant Luce dit vous fûtes patient Je vais être sans jupon blanc vôtre. Le vent glacé giflait les toits Et j'ai eu si peur qu'elle ait froid Que je lui ai rendu les trois autres. Quand sa robe aux quatre jupons A froufrouté dans le salon J'ai vu s'endormir le poisson rouge, rouge, rouge.