Vertige

Je regarde chaque jour le monde Avec les yeux d'un nouveau-né J'ai l'impression de rien comprendre De ce qui se passe sous mon nez Les gens se comportent Comme si tout était normal Je suis remué, je me sens Comme goéland dans la tornade Quel est ce monde Où va-t-on Qu'a dit Socrate à Platon Et que pensent les moutons bénis Les bergers se battent au bâton Comment font-ils pour vivre heureux Sans se poser de questions L'absurdité de l'existence Pèse sur mes épaules Déréglée ma boussole n'indique Aucune direction Trop d'idoles, trop d'icônes Trop d'angles dans mon polygone Je vis le dilemme d'Antigone Je plaide face à Créon Je dessine l'émoticône triste avec mon crayon Moi, j'ai compris pourquoi le Christ Avait pardonné aux hommes Leurs offenses étaient et sont le fruit De leurs illusions Je suis Sisyphe sur la colline de l'infini vide astral Poussant mon rocher je médite Sur le pari de Pascal Et bien que viennent les vaines diluviennes pluies Pour abreuver les puits remplis de sciences Mais aux consciences si épuisés Depuis que l'Homme s'aime plus qu'il n'aime Ses enfants légataires Fuite en avant détruisant Les doux fruits de la terre Délétère: courir, mourir, pourrir Dix pieds sous la terre Est-ce pour rire Dieux Cyniques Démons? Les deux font la paire Les deux font la guerre Un genou à terre, que choisir Jouir à tout prix ou l'enfer Les deux font l'affaire Des vendeurs d'histoire La grandeur des menteurs nés de candeur D'espoir, se nourrissant des grandes peurs Du soir nourrissant des grandes peurs Face à l'immensité du cosmos La vacuité du soi Et l'infinité des espaces noirs Donner un sens à la vie Mais est-ce que la vie a réellement besoin Que l'on lui donne un sens Profond silence en réponse à mes questions Sur l'existence laisse un grand vide Looping dans le grand huit Chaque jour je me demande qui je suis Dans mon beau miroir L'étrange visage d'un vague inconnu Je me sens comme un enfant amnésique Perdu dans la cohue Seul dans la foule je crie muettement Je cours au ralenti Je me sens nu avec des vêtements Je regarde le monde avec les yeux d'un papou Qu'on aurait soudainement téléporté Dans un Apple store Les humains pratiquent un mystérieux sport J'essaie d'en comprendre Les règles et de compter le score Dans les tribunes de l'abîme Je me sens comme un anthropologue extraterrestre Venu pour étudier une nouvelle forme de vie 30000 jours à peine pour comprendre Trop court pour vivre tout ce qui m'intéresse Vous tout là-haut à tout prix Il me faudra un sursis Plus mon chemin je poursuis Plus mon doute s'endurcit Chaque nuit l'angoisse m'envahit Car ma mission se raccourcit Et moins j'arrive à percer Le grand secret de ce monde Et plus j'ai l'amère impression D'une mauvaise plaisanterie J'ai le vertige face à l'infiniment grand Aux pluies de poussières d'étoiles Dont chacun de mes atomes en sont les vestiges Tous ces petits grains de firmament Du confin de l'univers venus s'assembler Pour qu'un jour enfin je respire J'ai le vertige